« Tabataba » de Bernard-Marie Koltès au lycée Leclerc

« Tabataba » de Bernard-Marie Koltès au lycée Leclerc

La troupe itinérante du Théâtre National de Strasbourg a élu domicile en salle polyvalente du lycée Leclerc le mercredi 13 octobre dernier pour présenter un projet monté par leur directeur Stanislas Nordey dans le cadre de son projet Ier Acte. Très sensible à la démocratisation du théâtre, Stanislas Nordey a imaginé cette formule initialement en région parisienne, qui permet de toucher des publics qui ne se déplaceraient pas dans une salle de leur propre initiative, et continue à décliner ce projet, tout en proposant de la mixité sociale dans les écoles d’art dramatique.

Pas moins de 120 élèves dont deux classes du lycée Leclerc, la 2nde1 et la 2nde3 accompagnés respectivement de leurs professeurs de français Mme Bourreau et Mme Niess, et la 2nde 2 et la 1GT2 du lycée du Haut-Barr accompagnés de Mme Lanères, leur professeur de français ont assisté à la représentation de « Tabataba » une pièce de Bernard Marie Koltès écrite en 1988 et mise en scène par Stanislas Nordey en 1992.

Une équipe artistique resserrée

L’équipe de la troupe est restreinte, deux comédiens, Clémence Boissé et Alexandre Prince, une régisseuse et Flora Nestour chargée des relations avec le public se sont déplacés vers leur public. La scène se passe dans une Afrique imaginaire des années 70 :  sur scène un atelier avec une moto que construit Petit-Abou tout au long de la pièce, et la cuisine, univers de Maïmouna sa grande sœur. Une entrée tonitruante en musique attend les spectateurs, les deux comédiens finissent de planter le décor en ajoutant des accessoires et dansent au rythme du reggae.

Echapper aux stéréotypes

Maïmouna prépare un plat tandis que Petit-Abou bricole. Celle-ci exhorte son petit frère à sortir le soir en ville pour se divertir avec ses amis et séduire les filles, mais son frère préfère la compagnie de sa moto. Un dialogue tendu s’instaure entre le frère et la sœur, celle-ci mettant en avant le fait qu’elle soit moquée par les autres filles du village car son frère ne correspond pas à la norme attendue. Les spectateurs dans la salle figurent les habitants du village et les professeures les jeunes filles qui attendent que Petit Abou se manifeste. A la fin de la pièce Maïmouna qui ne souhaite pas se marier rejoint Petit Abou dans son atelier et tous deux comprennent que chacun cherche à sa manière à échapper aux stéréotypes de genre.

A l’issue de la représentation les artistes se sont prêtés avec plaisir au jeu d’un bord de plateau pour échanger avec les élèves. Ils ont pu évoquer leur parcours pour devenir comédiens, leur participation à ce projet d’itinérance, la mixité sociale au théâtre. Des thèmes qui ont résonné positivement auprès de l’assistance qui n’a pas manqué de les applaudir généreusement et de plébisciter le jeu énergique des comédiens et l’intérêt de la pièce. Pour certains élèves, assister à une pièce de théâtre était une grande première, expérience qu’ils seront enclins à renouveler avec plaisir.