Les 1ère Spécialités Arts plastiques et HLP ainsi que l’Atelier théâtre ont assisté à un spectacle pluridisciplinaire à l’Espace Rohan mardi 12 novembre. Les élèves de 1ère 1HLP ainsi que l’Atelier théâtre ont rencontré le metteur en scène Lamine Diagne vendredi au CDI.
Noir sur la scène, un rayon de lumière au plateau, on distingue un bureau et une chaise noirs. C’est la voix d’un conteur qui accueille les spectateurs pour un voyage autobiographique. Il y est question du « Roi Nègre » et de la « Reine Blanche », de secrets de famille aussi à travers « La Marie-Rose », cette jeune fille-mère et arrière-grand-mère de l’artiste au Sénégal.
Le plateau s’éclaire et le conteur ouvre un grand carton à dessins qui renferme des gravures du « Livre Muet », livre illustré, sans texte qui renferme les secrets des alchimistes du XVIIIe siècle. Ici pourtant on distingue des scènes d’enfance du comédien et metteur en scène qui creuse le sillon de son histoire de famille en convoquant une cornue, un cercle magique tracé sur scène avec un mélange de kaolin et un pinceau après moultes incantations lors de sa fabrication dans une calebasse.
Mais le récit se ponctue aussi de danses rituelles au son de musiques entêtantes, scandé par des effets stroboscopiques, tantôt blanc électrique, tantôt rouge sang. Le pantin noir badigeonné de blanc se désarticule et laisse advenir la guérison après la cérémonie. Le « Jeune Prince » se dévoile enfin, purifié de ses démons et confiant en son destin. Tout s’apaise.
Une rencontre très sensible
Lamine Diagne témoigne très simplement de son parcours en préambule : originaire de Lyon, mais avec des racines sénégalaises, c’est un mauvais élève, mais il finit par intégrer les Arts Décos à Strasbourg, puis rejoint un groupe de musique et savoure une vie libre au gré de ses concerts. Les contraintes lui pèsent, c’est un rebelle, mais il parvient à écrire son histoire qui devient un spectacle au fil de ses rencontres, ce qui le mène jusqu’en Avignon.
Fort de sa Cie de l’Enelle, il vient de créer un spectacle sur la colonisation en droite ligne du premier opus. Ses spectacles sont « immersifs », se plait-il à transmettre à l’assistance, il y accorde une large place au corps ainsi qu’à la réception sensorielle du propos. Il mêle le « krump », cette danse du ghetto noir apprise avec un chorégraphe, au récit onirique pour créer une sorte de transe permettant de dépasser les scories intérieures. Il évoque aussi l’alchimie, cette quête de l’or, de métal pur, essentiel, qui ne peut se transformer. Pour lui « c’est l’écriture qui nous agit, on vomit des histoires » qui nous purgent. Avec une tendresse particulière pour l’enfance, qui « nous façonne et n’est pas forcément merveilleuse ». Une rencontre singulière, puissante mais emprunte d’une grande humilité.