Jeunes en librairie

Jeunes en librairie

M. Bastian, libraire à la rencontre des élèves de 1ère HLP dans le cadre de la manifestation « Jeunes en librairie » 

             Co-gérant de la Maison de la Presse de Saverne et de Haguenau, une entreprise familiale tenue avec son frère, Frédéric, M. Julien Bastian est intervenu le jeudi 14 mars dernier auprès des élèves de 1ère spécialité Humanités, Littérature, Philosophie dans le cadre du projet « Jeunes en librairies » soutenu par la DRAC et le Rectorat. L’objectif consiste à permettre aux élèves d’apprendre le fonctionnement de la chaîne du livre en France et de découvrir la gestion d’une librairie. Quelques jours plus tard, les élèves se sont rendus à la librairie avec leur professeure de littérature Mme Niess et le documentaliste M. Schwoerer pour en appréhender l’agencement et bénéficier chacun d’un chèque livre de vingt-cinq euros qui leur a été remis dans le cadre du plan de relance.

La chaine du livre en France

            Centralisée à Paris, la chaîne du livre française compte dans ses rouages huit acteurs principaux. Tout commence par l’auteur et l’éditeur. Une fois le livre écrit par l’auteur, l’éditeur s’occupe de penser le livre comme un produit. Il est celui qui choisira les couvertures du livre, en fonction des tendances du moments et choisira le résumé qui sera le plus aguicheur pour le public. Son but est purement commercial, et le seul capable d’influencer ses décisions pour l’aspect physique du livre est l’acteur suivant de la chaine du livre : l’imprimeur. L’imprimeur peut suggérer des produits et des méthodes de productions à l’éditeur, et s’occupe d’imprimer les livres. Avant que ce livre ne soit disponible à la vente en librairie, il faut tout d’abord le vendre aux libraires : c’est ici que le commercial, le diffuseur, entre en jeu. Nouveautés comportant des thèmes communs en main, il doit aller de librairies en librairies pour présenter cette nouvelle sélection aux libraires. 

Puis, c’est l’heure de la distribution. En France, les commandes de livres sont traitées à Paris par l’entreprise Prisme, unique distributeur de livres en France. Les commandes sont regroupées sur l’une des plateformes de la région d’où émane la commande, avant d’être distribuées parmi les transporteurs qui s’occupent de livrer en camion aux libraires leurs commandes, dans les cinq à sept jours suivant sa demande. Les livres sont ensuite mis en rayons et prêts à la vente. La chaîne du livre ne concerne que les libraires qui sont indépendants. Les magasins de grandes surfaces vendent des livres qui proviennent de chaînes culturelles, différentes de la chaîne du livre. Les libraires sont ceux qui fournissent les CDI, les bibliothèques et les entreprises ; c’est un métier vital pour l’accès à la culture.

Libraire, un métier passion

            De nos jours, devenir libraire est un métier accessible à tous par les nombreuses formations qui permettent d’y accéder. Dans le Grand-Est, il y a trois formations principales : le BUT des métiers du livre à Nancy ; le Master des métiers de l’édition à Strasbourg ; la licence pro des métiers du livres à Mulhouse. Si, du point de vue des études, devenir libraire est accessible, car les librairies sont des commerces comme tout autre, il n’en reste pas moins un métier agréable seulement par passion, étant souvent peu rémunérateur. C’est un métier demandant un réel contact avec les clients pour les conseiller et, évidemment, requiert un intérêt pour les livres et nouveautés.

« Jeunes en libraire »

            Répartie en trois groupes, la classe de première HLP a tour à tour visité la Maison de la Presse de Saverne en petits groupes, chèques livres en main. Une employée de la maison de la presse a réalisé une petite visite de l’étage consacré principalement aux livres, passant de rayon en rayon et expliquant leur contenu. 

Monsieur Bastian confie qu’il s’est intéressé aux types de livres qui se vendent le plus selon les périodes, et il a constaté que en 2020, c’était les mangas tandis qu’actuellement, c’est plutôt la romance. La raison ? Les réseaux sociaux qui influent énormément sur les lecteurs. La clientèle de la Maison de la Presse étant variée, il n’est pas rare de trouver des jeunes achetant le dernier Captive ou le dernier livre de Colleen Hoover à la librairie tandis qu’il y a 4 ans, ils auraient plutôt penché pour les aventures de Deku dans le célèbre shonen My hero academia. 

Par conséquent, Julien Bastian a alors confié que la Maison de la Presse s’aidait régulièrement des réseaux sociaux pour déterminer ses choix, afin de vendre plus et toucher un public intéressé. Selon lui, les applications de livres telles que Babelio, Goodreads ou même Tiktok sont des outils pratiques pour les libraires, mais également pour les lecteurs en panne de lecture, car il y a des critiques littéraires intéressantes. Et la Maison de la Presse, comme toute autre librairie, organise ses produits par sections : romance, manga, littérature, livres jeunesse… 

Les élèves ont ensuite eu le temps d’explorer eux-mêmes ces nombreux rayons pour trouver le livre de leur choix. S’ils cherchaient un livre en particulier et que la librairie ne le proposait pas en rayon, ils avaient la possibilité de commander le livre. La librairie a pour responsabilité de commander sur demande des clients. Les jeunes gens ont donc pu repartir, avec le livre qui aura suscité leur intérêt. 

            Le projet « Jeunes en librairie » est de l’avis général de la classe une initiative peu commune dans le milieu scolaire, mais très appréciable. Il permet d’instruire sur le déroulé de fabrication des livres et sur le fonctionnement des librairies, tout en donnant la chance à des élèves de s’y intéresser et de choisir un livre. Ce projet est un bon moyen de reconnecter le milieu des librairies avec des élèves qui, soit par manque d’intérêt pour les livres en général ainsi que ceux obligatoires dans le programme scolaire, soit par simple souci financier, n’ont pas l’occasion d’acheter et d’apprécier des livres. 

Article rédigé par Alyson Helbourg et Nolwenn Claret